« Un petit chez-soi vaut mieux qu’un grand chez les autres », dit un proverbe français. Réjouis-toi de ta petite maison et de ta situation, plutôt que de rêver la grande vie, et de t’imaginer propriétaire d’un château grand confort. Entends aussi qu’il vaut mieux ne pas chercher à abuser de l’hospitalité des autres et apprendre à être bien chez soi. Or, dit le psaume 47, « longez les remparts de Sion », le lieu du Seigneur, « que vos cœurs s’éprennent de ses murs, contemplez ses palais ». S’il y a bien une maison que l’on peut désirer, c’est celle de Dieu, car elle est pour nous et nous sommes faits pour elle. Et justement, au bout de l’avent, Dieu vient faire de notre terre sa maison, pour nous entraîner ensuite vers sa maison du Ciel. 

Celle-ci est plus que jamais notre destination. Notre péché nous en avait détournés depuis le jardin des origines, mais le Christ est venu nous chercher : « Vous êtes chez vous dans la maison de Dieu, en son paradis. » Il a pardonné les péchés et nous a promis le bonheur, nous qui nous étions repliés sur notre quant-à-soi. Nous avions voulu bâtir notre propre citadelle sans dépendre de lui. Nous voulions bâtir notre tour à Babel. C’est l’arrogance et l’illusion qui ont suscité un tel projet, en effet, « toute maison est construite par quelqu’un et celui qui a tout construit, c’est Dieu ». 

Le « grand chez les autres », c’est mon suffisant et prétentieux désir de me faire moi-même. C’est une impasse menant à une bicoque qui tôt ou tard se lézarde. En fait, pour les amis du Christ, le « petit chez-soi » n’est rien de moins que le paradis et la vie éternelle dont le baptême nous a ouvert la porte.